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Pourquoi la mobilité électrique est un sujet controversé ?

Sur 7,7 milliards d’êtres humains, on estime à plus d’1,4 milliards le nombre de véhicules thermiques en circulation dans le monde, soit un véhicule pour 5 personnes si l’on compte les enfants. Les Etats-Unis et la Chine concentrent à eux seuls, 600 millions de véhicules, soit la moitié du volume mondial.

En France, pour 67 millions de personnes, on compte 55 millions de véhicules en circulation, soit 0,78 véhicules pour 1 habitant. C’est presque autant qu’aux Etats-Unis où l’on compte 0.82 véhicules par habitant. Sans modifier notre trajectoire, nous pourrions atteindre 8 milliards de véhicules d’ici à 2100 !

 

Ces quelques chiffres permettent de constater l’ampleur du problème posé par nos mobilités actuelles, et notamment par les véhicules thermiques, fonctionnant avec de l'essence ou du gazole. C’est pour cette raison que le débat sur le passage au véhicule électrique occupe aujourd’hui l’espace public, ce qu’on remarque grâce à l’immense valorisation d’acteurs comme Tesla, ou l’annonce de nouveaux véhicules électriques par presque tous les constructeurs automobiles.

 

En effet, les véhicules électriques émettent très peu, voire pas du tout de gaz à effet de serre lors des déplacements, et les innovations technologiques des dernières années leur donnent une autonomie toujours plus grande, permettant de parcourir des distances de plus en plus importantes.

Car, rappelons-le, le principal défaut de ces véhicules était la capacité de leur batterie, qui les limitait auparavant aux trajets courts. Maintenant que ces limites sont dépassées, qu’est-ce qui nous empêche de passer au tout électrique pour lutter contre le changement climatique ? 

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Si la mobilité électrique nous permet de réduire considérablement l’impact de nos déplacements, pourquoi ne fait-elle pas l’unanimité ?

Pour répondre à cette question, nous nous sommes plongés dans la controverse sur la mobilité par le prisme des acteurs qui y prennent part: les institutions, les industriels, les usagers, les associations et activistes, et enfin les opérateurs d’infrastructures. En résulte un rapport en trois parties, organisé autour de trois problématiques fondamentales pour comprendre les enjeux du passage à l'électrique.

 

I. D'abord, nous nous demandons pour quelles raisons nous ne passons pas immédiatement au tout électrique, notamment au prisme des sujets de la coopération entre acteurs, de l’accessibilité de ces nouvelles technologies et des nécessaires infrastructures qui viendraient soutenir cette transition.

 

II. Ensuite, nous présentons les enjeux environnementaux qui entourent le sujet. Même si leurs émissions à l’utilisation sont très réduites, les véhicules électriques ne sont pas dénués d’impact, notamment pendant la production, et l’énergie nécessaire à leur fonctionnement doit être produite de manière durable si l’on ne veut pas se contenter de déplacer ou de reporter le problème.

 

III. Enfin, nous explorons les enjeux civilisationnels de la transition des mobilités, en nous intéressant à la notion de confort, élément déterminant de nos sociétés contemporaines. Nous nous demanderons dans quelle mesure il peut être envisagé de concert avec la lutte contre le changement climatique, et ce que la technologie et le numérique peuvent apporter comme solutions en ce sens.

Chacun de ces sujets a fait l’objet d’un important travail de recherche et de pédagogie. Nous espérons que la lecture de ce rapport vous permettra de mieux saisir la controverse sur la mobilité électrique, et, qui sait, d’y contribuer ou de la présenter à votre tour.

 

Bonne lecture !

Table ronde 1 : 
La mobilité électrique peut-elle être démocratisée ?

Table ronde 2 : Quelle pertinence et limitations écologiques de la mobilité électrique ?

Table ronde 3 : Quelle(s) trajectoire(s) de société contre les limites de la mobilité électrique ?

Table ronde 1 :  La mobilité électrique peut-elle être démocratisée ?

Alors que chaque constructeur y va de son propre modèle de véhicule électrique, on ne peut s’empêcher de remarquer que ce type de mobilité reste pour le moment minoritaire. Néanmoins, nous assistons ces dernières années à une explosion du nombre de véhicules électriques vendus, sous l’impulsion de malus imposés aux véhicules fonctionnant à l’essence et au gazole et de bonus sur les véhicules qui émettent peu. Autre raison, c’est l’avènement de la batterie lithium-ion, qui permet de rendre intéressant le recours à l’électrique pour les déplacements, les précédentes technologies étant bien trop encombrantes. Comme vous pouvez le constater, l’avenir de la mobilité électrique dépend de nombreux facteurs dans plusieurs domaines, de la réglementation à l’innovation en passant par l’acceptation des consommateurs, sans lesquels rien n’est possible. Le premier enjeu de la mobilité électrique est donc un enjeu de coopération et de coordination. Si la voiture électrique, mais aussi les autres mobilités douces utilisant l'électricité, doivent se généraliser, cela se fera par la concertation et l’organisation de tous les acteurs. L’État et les collectivités ont un rôle très important à jouer dans l’organisation de cette coopération, notamment en faisant le pont entre les industriels et le monde de l’innovation, les infrastructures, qui devront s’adapter à ces nouvelles mobilités, et la société civile dans son ensemble, associations et citoyens pour qui la mobilité électrique est un enjeu du quotidien. Lorsqu’il est question d’un mode de vie aussi ancré que celui de la mobilité sans limite permise par les moteurs thermiques, la question de l’acceptabilité sociale ne doit pas être prise à la légère. Comment, alors, assurer la coopération entre tous les acteurs impliqués ?

Cela nous amène au deuxième enjeu du passage à la mobilité électrique, laquelle soulève d’importants enjeux d’égalité et de démocratie. Aujourd’hui, acheter un véhicule électrique coûte très cher, et les mesures d’incitations telles que les malus écologiques pèsent sur le pouvoir d’achat des consommateurs qui ne peuvent pas se l’offrir. Certaines solutions électriques, comme les véhicules du constructeur Tesla, n’ont pas vocation à être accessibles au plus grand nombre. Si l’on voulait généraliser cette solution, ce que les institutions et certains industriels présentent comme un enjeu essentiel de la lutte contre le changement climatique, il faudra produire des véhicules abordables. Mais ce n’est pas tout, une flotte de véhicules électriques suppose des infrastructures adaptées, des bornes de recharge qui devront être présentes partout sur le territoire, aux centrales électriques nécessaires à leur fonctionnement. Tout cela suppose des investissements massifs de la part de tous les acteurs, l’État d’abord, qui devra financer cette transition auprès des industriels et des usagers, les industriels ensuite, pour qui le passage à l’électrique constitue une menace autant qu’une opportunité, et les usagers enfin, pour qui le coût d’un véhicule est une dépense significative. Pour ce faire, des mécanismes de financement devront être pensés, tels que ce que les autodésignées banques du climat (BEI, BPI, Caisse des dépôts) proposent, où pour ⅓ d’argent public, il faudra ajouter ⅔ d’investissement privé. En résumé, la question qui se pose est la suivante : comment rendre la mobilité électrique accessible pour tous ?

Dernier enjeu, auquel nous avons déjà fait référence, il s’agit d’adapter les infrastructures à ce nouveau monde tout électrique. Alors que notre consommation d’énergie est déjà très élevée, et en constante croissance, il s’agira de produire encore plus d'électricité pour satisfaire la demande générée par les véhicules électriques. Sur ce point, la volonté institutionnelle de diminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique français semble mise à mal. Cette question, celle de la pertinence écologique des sources d’électricité et du mode de vie que suggère le tout électrique, nous l’explorerons plus en détail dans la seconde partie de cette synthèse. Autre défi qui concerne les infrastructures, ce sera la diffusion sur tout le territoire des dispositifs de recharge indispensables au fonctionnement de ce nouveau parc de véhicules. Là encore, les difficultés sont nombreuses, et l’on voit ici apparaître une route alternative, l’opportunité de profiter de cette transition pour changer nos habitudes de déplacement, ce que nous explorerons dans la troisième partie de ce rapport.

 

Dans l’état des choses actuels cependant, une question reste en suspend : comment adapter les infrastructures à la généralisation de ce nouveau type de mobilité ?

Table ronde 2 : Quelle pertinence et limitations écologiques de la mobilité électrique ?

Si elle est présentée comme une solution verte, la « propreté » de la mobilité électrique reste sujette à discussion. S’il est vrai que, comparée à celle d’un véhicule thermique, les émissions de gaz à effet de serre d’un véhicule électrique sont très faibles, la fabrication est en revanche un processus lourdement polluant qui implique l’extraction de métaux de plus en plus rares. Du cycle de production à  l’usage, quel est le critère le plus important pour qualifier un véhicule de « propre » ? Si la pollution à la production est prise en compte, alors peut-on qualifier le véhicule électrique de mobilité propre ?

 

Les enjeux de recyclage des solutions de mobilité sont également à prendre en compte. On associe souvent au progrès technique une forme d’obsolescence ; celle des batteries et des voitures électriques est un vrai enjeu, à la fois de recyclage et de recherche pour allonger leur durée de vie.

Alors que de plus en plus d’acteurs militent pour une mesure de la pollution d’un véhicule à toutes les étapes de son cycle de sa vie, de la production au recyclage, quels leviers privilégier pour obtenir des véhicules propres ?

 

Si nous allons vers une démocratisation de la mobilité électrique, se pose alors la question de la production d’électricité nécessaire pour soutenir ce futur. La demande énergétique associée au « tout électrique » sera immense, bien plus que ce que peuvent fournir nos sources actuelles de production de l’électricité. Un enjeu majeur est de répondre à cette explosion attendue de la demande d’électricité par des solutions 100% renouvelables.

Vers quelles sources de production d’électricité se tourner pour un monde tout électrique ?

Une solution souvent avancée par certains acteurs est d’augmenter la production d’électricité nucléaire, qui présente l’avantage de ne pas émettre de gaz à effets de serre. Cependant, le nucléaire a également de nombreux détracteurs, qui soulignent les dangers associés à cette production, et ses effets néfastes, de l’extraction au traitement de ses déchets.

Si toutes les sources d’électricité ne se valent pas, conciliant les menaces à la transition écologique et les leviers pour y répondre, peut-on concilier énergie propre et urgence climatique ?

Table ronde 3 : Quelle(s) trajectoire(s) de société contre les limites de la mobilité électrique ?

L’immobilisme est inconcevable et effrayant. Il est donc important de réfléchir à la construction d’un projet de mobilité viable. Pour ce faire, il est impératif de réfléchir aux valeurs que souhaitent y voir émerger les différents acteurs concernés. Ces valeurs doivent converger vers un objectif d’intérêt général : une mobilité durable. Mais sa définition diffère en fonction des avis et intérêts de chaque acteur. Pour certains, le confort est un droit. La mobilité durable doit donc compter sur le progrès et les innovations technologiques pour le garantir . Les acteurs industriels soutiennent que personne ne devrait être limité dans ses déplacements. Ainsi, ces derniers œuvrent pour une production de véhicules performants afin d’offrir à leurs consommateurs, c'est-à-dire  aux usagers, une conduite fluide, agréable ainsi que la possibilité de se déplacer écologiquement. 

Les défenseurs de l’écologie avancent cependant que la production industrielle est démesurément tournée vers l’obsolescence, et par conséquent incompatible avec la construction d’un monde éco-responsable. Ainsi, une autre possibilité  serait de repenser les usages. Mais à nouveau, repenser les usages peut être vu sous des angles très différents. Une proposition déjà avancée est le développement des trottinettes électriques pour remplacer les voitures individuelles. Malheureusement, ces dernières sont souvent mal utilisées et ne sont pas appropriées à tous types de déplacements. Bien qu’attrayante, l’écomobilité (la mise en réseau des véhicules électriques) aboutit fréquemment à des fiasco comme celui des trottinettes électriques, ou encore celui d'Autolib à Paris.

En zone urbaine, le free-floating (les trottinettes en libre service) est très développé. Cependant, la cohabitation entre les différents usagers des routes et des trottoirs est très difficile. Les trottinettes ont par exemple tendance à barrer le chemin des piétons. Par ailleurs, il semble y avoir peu de communication sur l’ensemble des offres de mobilité présentes sur le territoire. Alors que ces épisodes de frictions tendent à se résoudre dans certaines villes, ces constats indiquent que les acteurs industriels ont un grand rôle à jouer dans la transformation des villes. Nous faisons face à une situation complexe, où l’économie libérale et ses acteurs sont de plus en plus critiqués sur leurs responsabilités sociétales,  alors qu’ils participent à renforcer les liens entre les acteurs de la ville (le tissu de transport permettant aux citadins d’être reliés entre eux). Les industries s’efforcent de communiquer sur le partage des mobilités et tendent de plus en plus à valoriser l’économie circulaire et l’efficacité énergétique.

 

Ces efforts, parfois perçus comme du Greenwashing (argument faussement écologique), sont fortement soutenus par les institutions. Ces dernières voient dans la Greentech , la mise au service des technologies au profit de l’environnement, une conciliation future entre mobilité électrique et lutte contre le changement climatique. Des investissements à long terme des banques de l’environnement (BEI, BPI notamment) dans ce secteur permettront des innovations toujours plus durables, efficaces énergétiquement et de plus en plus neutres en émission carbone voire bénéfiques pour l’environnement. Les progrès du secteur de l’industrie sont pour les institutions publiques une solution face à la pression montante des citoyens en faveur d’une transition écologique urgente.

 

Une question se pose cependant : est-il pertinent de persévérer dans la voie des technologies existantes plutôt que de repenser complètement, à sa source, les systèmes de mobilité ? Cette interrogation en amène une plus grande : quel modèle de société permettrait de concilier la sobriété énergétique, nécessaire à la transition écologique, et le maintien de notre confort de vie ? 

Sur ce sujet les institutions sont définitives, elles se doivent de permettre à chacun de vivre dignement dans le confort qui lui est dû. Le développement et la diffusion des techniques sont l’axe principal de leur vision de construction du bien commun. Cette volonté de croissance économique verte ne fait pourtant pas consensus face à l’urgence du changement climatique. Les impacts négatifs sur l’environnement de la mobilité électrique sont trop grands pour prendre le risque de persévérer dans cette voie. Pour certains acteurs, notamment les activistes, il faut prendre le chemin de la décroissance, d’une réduction de la consommation  et du confort énergétique planifiée. Le confort contemporain est un luxe qui doit être remis en question.

Nous voilà donc face à un choix ! 

Pourrions-nous repenser nos usages, à l’aide de quotas de CO2, afin d'œuvrer pour la construction d’un monde futur sans désastre écologique ? Ou devrions-nous tenter de construire une sobriété grâce aux nouvelles technologies, notamment celles des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), par une optimisation de nos déplacements ?

Vous êtes certainement arrivés ici avec une interrogation:

 

“Face à l’urgence climatique et au poids du transport sur cet enjeu, la voiture électrique et les mobilités électriques sont-elles LA solution ?”.

 

Nous ne vous avons pas présenté une réponse, mais encore plus de questions. Néanmoins, ce processus nous a permis de repérer les questions qui comptent dans cette controverse. Ces questions qui nous permettent de nous orienter, je vous propose de les énumérer en guise de conclusion.

Tout d’abord, il semble que l’un des enjeux centraux soit celui de l’accessibilité. Quelque soit la route que nous décidons de suivre, toute ambition de lutte contre le changement climatique doit être basée sur l’engagement de tous, et donc sur l’extension des mobilités décarbonées – notamment, sans pétrole –

à toutes les strates de la population. 

Qui dit engagement de tous dit nécessairement coopération, un enjeu connexe de l’accessibilité est donc l’interdépendance. Si nous voulons pouvoir répondre à la crise climatique par un changement de nos mobilités, nous allons devoir apprendre à coopérer, qu’il s’agisse des entreprises, des responsables politiques, des associations, ou de nous tous, simples usagers. Sans coopération, pas d’accessibilité, sans accessibilité, pas de réduction significative des émissions. Face aux pronostics du GIEC, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, développer des formes d’action et de gouvernance coopératives semble nécessaire pour faire face aux défis du XXIe siècle.

Ensuite, nous vous avons exposé la question du “Comment” : comment mettre en œuvre ce changement des mobilités de manière durable ? Sur ce sujet, nous avons vu que la mobilité électrique est porteuse d’espoir autant qu’elle est source d’inquiétude. L’enjeu est double, d’une part il nous faudra trouver comment limiter l’impact écologique de la production des véhicules, notamment l’extraction des terres rares nécessaires à la fabrication des batteries, d’autre part il nous faudra maximiser la durée de vie de ces véhicules et trouver des méthodes de recyclage efficaces afin d’en maximiser l’impact bénéfique. La question majeure qui se pose pour un monde du tout électrique est la suivante: comment fournir suffisamment d’énergie décarbonnée pour faire fonctionner tous ces véhicules. Ici nous rejoignons le débat de la source de ces énergies, et des choix que l’urgence climatique nous force à faire dès aujourd’hui. Dans cette optique de cette contrainte temporelle, l’utilisation de l’énergie nucléaire devient une question controversée qui pourrait à elle seule donner lieu à une autre journée de débat.

Enfin, nous vous avons présenté des questions que nous jugeons essentielles au débat, et à l’orientation politique que nous souhaitons donner à cette transition. Tout au long du rapport, il est certainement apparu aux plus perspicaces d’entre vous que nous faisions face à un choix. D’un côté, nous pouvons tenter de répondre à l’urgence climatique par la responsabilisation de nos activités d’innovation technique.

Dans cette voie, il est question de continuer à nous développer, tout en respectant nos écosystèmes et les êtres qui nous entourent. Nous appellerons cette voie smart-sobriété, et c’est celle que promeuvent les défenseurs des technologies vertes et celle qu’ont choisie les signataires de l’Accord de Paris en s’engageant à réduire leurs émissions sans renoncer au développement économique, durable évidemment.

 

De l’autre côté, nous avons assisté à la mise en récit d’une seconde voie, où ce sont nos modes de vie dans leur ensemble, et la croissance économique elle-même, qui sont remis en cause. Cette voie, celle de la limitation volontaire de nos activités pour le bien commun, implique de repenser nos mobilités jusqu’à la remise en question du moyen de transport individuel lui-même, qui est pourtant actuellement une évidence dans notre société. 

 

Ces deux futurs qui s’offrent à nous peuvent sembler caricaturaux, mais ils nous permettent de saisir la question profondément enfouie dans les débats d’aujourd’hui, celle du choix de civilisation auquel nous faisons face. Nous pourrions résumer ce choix à l’opposition maintes fois débattue entre croissance verte et décroissance. Néanmoins, adopter une conception ouverte du futur comme nous l’avons fait, c’est refuser que les scénarios possibles ne se limitent à deux choix de sociétés. Plutôt que de nous enfermer dans cette alternative infernale, acceptons de laisser le futur ouvert, afin de laisser aux multiples possibles présents dans les interstices de ce débat la chance de dessiner un monde que nous ne pouvons pas prévoir. 

En ce sens, il est évident que nous ne pourrons pas conserver nos modes de vie actuels, et que le business-as-usual n’est pas une option pour le futur. De là, choisirons-nous de conserver nos modes de vie, en tentant de les rendre plus efficaces et sobres, grâce aux nouvelles technologies notamment ? En comptant sur un revirement des attitudes des entreprises et des individus, nous pourrions imaginer de poursuivre la définition du progrès telle qu’on la connaît, tout en préservant notre planète pour les générations futures. A l’inverse, choisirons-nous d’aller à rebours de cette notion de progrès, et à l’encontre des développements de la société industrielle et de nourrir  ainsi une croissance, non pas de l’économie, mais du vivant ? En nous liant plus encore à nos territoires, et en allégeant nos pressions sur les écosystèmes, nous pourrons peut-être découvrir de nouvelles formes de confort et de nouvelles expressions de la liberté qui ne dépendent pas de notre capacité à nous déplacer sans limites.

 

Nous espérons  que vous saurez maintenant mieux vous orienter dans les débats sur les mobilités électriques. Peut-être même pourrez-vous devenir pédagogues, et expliquer à votre tour ce qui se cache sous un sujet en apparence aussi consensuel que la voiture électrique.

Ce rapport de la COP 28, a été imaginé et réalisé par les étudiant·es du master ITN de SciencesPo, en partenariat avec le Design fiction club et la Gaîté Lyrique. Projet encadré par Max Mollon (Design fiction), Orélie Desfriches-Doria (Cartographie des controverses) et Jean-François Lucas (Sociologie des lmaginaires), pour le cours Controverses Contemporaines. Nous espérons que vous avez apprécié ces voyages dans le futur et qu’il sauront susciter chez vous l’envie d’en savoir plus sur les grandes orientations de notre société.

Cartographie des enjeux de la controverse

Voir et télécharger en HD la Cartographie des enjeux de la controverse, ici

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